L’engouement pour le naturel ces dernières années explique largement la notoriété des huiles essentielles ! Vous les trouvez désormais facilement dans votre pharmacie, dans les boutiques Bio ou en vente en ligne. Mais cette popularité ne doit pas faire perdre de vue que les huiles essentielles sont très concentrées et puissantes, impliquant ainsi le respect de certaines précautions d’emploi.
Plus précisément, certaines huiles essentielles sont dites « hormon-like » en mimant l’action de certaines hormones. Doit-on pour autant les considérer comme des perturbateurs endocriniens ? Faut il s’inquiéter ? Et dans ce cas quelles sont les précautions à prendre avec ces huiles essentielles ?
Les interrogations d’une internaute sur les huiles essentielles :
Ce week end, voici ce qu’ écrivait Kaw sur le groupe Facebook We are Oleassence :
Les Huiles essentielles naturelles certes, mais puissantes !
Les Huiles essentielles sont effectivement des produits naturels. Obtenues par distillation ou par pression du zeste pour les agrumes, elles concentrent un mélange de molécules actives naturellement contenues dans les plantes dites aromatiques.
Mais ce qui est naturel est-il sans danger ? Non, nous savons tous que dans la nature, et plus spécifiquement le monde végétal, il y a des plantes très toxiques voire mortelles :
- des champignons, comme les amanites (tue mouche, phalloïdes…)
- des baies : de houx, de gui, de troène…
- des fleurs comme la cigüe, le muguet…
Pour autant arrête t’on de déguster de bonnes poêlées de champignons, de boire des tisanes ou de fleurir son jardin ?
Non, car nos ancêtres ont appris à reconnaitre les plantes et champignons, à identifier ceux qui étaient comestibles et à laisser de côté les plus nocifs pour notre santé. Et ce savoir se transmet, cette connaissance fait l’objet de spécialisation professionnelle comme c’est le cas des phytothérapeutes, des mycologues, des aromathérapeutes…
Ainsi pour les plantes les plus communes, nous connaissons leurs usages et les respectons : personne ne préparerait une salade de lierre ou une infusion de laurier rose. Et si nous partons parfois à la cueillette des champignons et avons un doute sur leur comestibilité, nous nous documentons et nous tournons vers des experts.
L’importance de la notion de dose :
Une autre notion importante est celle de la dose ! Comme disait Paracelse : « Tout est poison, rien n’est poison, seule la dose compte ». Ainsi des plantes peuvent contenir des molécules toxiques à certaines doses mais à dose beaucoup plus faible être utilisées comme médicament dans des pathologies précises.
Vous connaissez sûrement :
- la digitale : une plante à la jolie fleur cependant très toxique mais d’où provient la molécule de la digitaline pour le cœur
- la belladone : dont la baie est un poison mortelle par ingestion, mais dont on tire la molécule d’atropine utilisée comme anticholinergique, spasmolytique ou antalgique.
Bien dosée, une molécule peut alors devenir une aide précieuse en médecine.
Il en va alors de même pour les huiles essentielles : naturelles oui, mais chacune est différente avec une composition qui lui est propre. Ainsi, leurs usages varient : certaines ne doivent pas être appliquées sur la peau, d’autres ne doivent pas être diffusées ou encore avalées.
Leurs propriétés mais aussi leur toxicité sont dues à la présence de certaines molécules (par exemple les huiles essentielles contenant des cétones doivent être utilisées avec précaution : puissantes elles offrent une belle valeur pharmacologique mais leur usage est délicat en raison de leur neurotoxicité).
Et par conséquent les dosages et précautions d’emploi différent.
A lire également : Les 4 principales Contre-Indications des Huiles Essentielles
C’est pourquoi, les huiles essentielles même si elles sont naturelles, ne doivent pas être utilisées sans un minimum de connaissances et il est toujours préférable de demander l’avis d’un spécialiste
Les Huiles essentielles ont-elles une action sur le système endocrinien ?
Nous savons que certaines Huiles essentielles sont utilisées pour leur propriétés hormon-like, oestrogen-like ou cortison-like et se révèlent très utiles en cas de dérèglements hormonaux.
Cette capacité de certaines molécules à mimer l’action des hormones peut ainsi être très bénéfique dans certains cas. Ces propriétés sont d’ailleurs largement documentées dans la bibliographie et clairement revendiquées dans les ouvrages de référence en aromathérapie, comme par exemple :
- la sauge sclarée : dite oestrogen-like est utilisée en cas d’aménorrhée, préménopause, bouffées de chaleur
- le cyprès de Provence : indiqué dans les cas de congestion et adénome prostatique
- la myrte verte connue pour son action stimulante sur la thyroïde et qui pourra être prescrite en cas d’hypothyroïdie
Ce sont principalement les huiles essentielles contenant des sesquiterpènes et/ou des alcools sesquiterpéniques qui vont imiter les hormones car leur structure chimique sont proches.
C’est pourquoi, l’usage de ces huiles doit respecter certaines conditions : elles seront contre indiquées chez les jeunes enfants, la femme enceinte et allaitante et en cas de pathologies hormono-dépendantes.
Peut-on qualifier les Huiles essentielles de Perturbateurs Endocriniens ?
Si l’on reprend la définition d’un perturbateur endocrinien selon l’OMS, il s’agit d’ :
« une substance ou un mélange exogène altérant les fonctions du système endocrinien et induisant des effets nocifs sur la santé. »
Ainsi, pour qualifier une substance d’être un perturbateur endocrinien, il faut apporter trois preuves :
• un mécanisme d’action endocrinien qui doit être prouvé ;
• la manifestation d’effets nocifs sur notamment la reproduction, la fertilité, le développement neurologique ou le système immunitaire ;
• un lien de causalité entre mode d’action et effets délétères.
Et ce dernier point n’est pas si facile à démontrer. Le lien de causalité est différent de la corrélation, en effet ce n’est pas parce que vous observez une corrélation entre deux évènements qu’il y a forcément un lien de causalité entre eux.
Voici unsite (cliquez ici) qui illustre bien cette différence en montrant par exemple 2 courbes très similaires qui laisserait penser qu’il y a un lien entre les 2 données et pourtant il s’agit d’un simple hasard sans aucun lien de causalité.
A l’heure actuelle, nous disposons d’encore peu d’études sur ce sujet. Et il est d’autant plus difficile de mesurer l’impact d’une huile essentielle parfois utilisée en mélange avec d’autres, ou même avec d’autres ingrédients contenus dans la formule du produit cosmétique, à la fois sur le long terme, et sur un nombre suffisamment représentatif de la population humaine.
C’est ce que nous abordions dans cet article : Comment éviter les Perturbateurs Endocriniens dans votre quotidien ?
Donc même si une huile essentielle mime l’action d’une hormone, ou contient des substances endocrines actives, elle n’est pas pour autant qualifiée de perturbatrice endocrinienne.
Il reste cependant primordial de poursuivre les études afin de mieux maitriser ces notions et permettre le cas échéant d’adapter les usages et précautions.
Quelles sont les précautions à prendre avec les Huiles essentielles ?
Au regard de ce que nous venons d’aborder, il semble essentiel de rappeler que les huiles essentielles, même si elles sont naturelles, peuvent présenter des toxicités. Il est alors primordial de respecter les voies d’utilisation recommandées, les dosages préconisés, et ces quelques précautions :
- utiliser des Huiles essentielles de qualité, c’est à dire HBBD (huile botaniquement et biochimiquement définie), pures et non coupées ;
- se renseigner avant de les utiliser, s’assurer que vous ne présentez pas de contre-indication, notamment en cas de maladie hormono-dépendante ;
- limiter drastiquement leur usage si vous êtes enceinte ou allaitante, ainsi que sur vos nourrissons et jeunes enfants ;
- en cas d’usage prolongé ou à des doses importantes, prenez l’avis d’un aromathérapeute.
Même si elles restent introduites à des concentrations assez faibles dans les cosmétiques, il convient tout de même de respecter ces précautions.
A lire également : Comment bien utiliser les Huiles Essentielles en usage cosmétique?
Bonjour,
J’utilise quotidiennement une formule de 30 ml de calendula, 45 gouttes de HE lavande fine et 45 gouttes de HE de Ylang-ylang pour soutenir ma flore vaginale. En effet, je masse la formule d’huile +HE sur ma vulve après ma toilette du matin. Je fais cela depuis maintenant 1 an déjà et je n’ai plus eu d’infection à la levure. Je comptais continuer ainsi pour encore plusieurs années. Pensez-vous qu’il existe un réel danger dans cette pratique ?
Bonjour Dominique,
Il est préférable de ne pas utiliser des huiles essentielles toute l’année car cela risque de surcharger votre organisme voire de déclencher une allergie. Elles s’utilisent ponctuellement pour agir contre un problème et même dans ce cas, il est recommandé de faire ce qu’on appelle des « fenêtres thérapeutiques » afin d’éviter une accoutumance de l’ organisme et donc de rendre les huiles essentielles moins efficaces.
Je comprends vote appréhension d’arrêter et que vote infection revienne mais vous pourrez très bien réutiliser votre formule si la levure réapparaît. Enfin, je vous suggère d’éviter les sous vêtements synthétiques (privilégiez le coton). Attention à ne pas faire de douches vaginales car cela fragilise la flore.
A bientôt !